TOUT L'UNIVERS installation sonore


Une résidence de juin à septembre 2019.

TOUT L’UNIVERS, un voyage d’intérieur, à l'orée des années 80.

 

TOUT L’UNIVERS c'est l’appartement d’une locataire vivant seule avec son chien Youri, au 6ème étage, dans l'immeuble "Gagarine".

Elle ne sort plus de chez elle, depuis bien longtemps.

Les fenêtres, sans rideaux, ne s'ouvrent plus.

Une collection de rideaux blancs est suspendus au plafond,  avec des petites baguettes rouges.

Au plafond, la faucille, le marteau et l’étoile du drapeau U.R.S.S.  sont dessinés.   Les rideaux cheminent le long des dessins.

Un ventilateur apporte le mouvement de l’extérieur.

Il y a des traces blanches des photos, des cartes postales, punaisées au mur….

Et elle est assise, devant la fenêtre, face aux voix ferrées.

On entend la pendule, le bruit du frigidaire, quelques chouinements de Youri ...

Des voix, si l'on s'approche, de tel ou tel mur, racontent. (Fragments de « Propriété Condamnée » de Tennessee Williams, " Si c'est un homme " de Primo Levi).

 

Dans la salle de bain, il ne reste que la baignoire des années 60, la peinture des années …

Une voix raconte " Il y a de petites gouttes et il y a de grosses gouttes, toutes les gouttes ne sont pas pareilles, c'est pas vrai cette histoire de trucs qui se ressemblent comme deux gouttes d'eau. Il y a des gouttes qui sont plus grosses que d'autres gouttes plus petites, et la goutte de mon robinet à moi pourrait bien être une petite goutte... "

Un tableau de 1979, "Youri, le chien sur la serviette de bain" est accroché, au dessus de la baignoire.

Le rouge apparait par touche, sur le mur, sur les objets ; le rouge d’Ivry la banlieue rouge.

 

Dans la cuisine, on entend à la radio  " Tout L’univers ".

TOUT L’UNIVERS votre radio de référence. TOUT L’UNIVERS de préférence.

À l’orée des années 80, une toute nouvelle version TOUT L’UNIVERS voit aujourd’hui le jour. Car de tout coeur nous tenons à vous informer, toujours mieux vous informer.

Dans un monde de plus en plus difficile, l’avenir de nos enfants devient notre préoccupation essentielle.

La dissémination des sources d’information, l’irruption de la télévision, l’écoute parcellisés des radios, la prolifération de publications tous azimuts ont c’est 20 dernières années bouleverser les données fondamentales de l’accès à la culture. Parfois jusqu’à en remettre en cause le contenu. or, quelque soit le contenu, notre devoir de parents demeure toujours le même : préparer nos enfants à une rude compétition... ".

Sur le mur, un fragment des MÉMOIRES D'HADRIEN de Marguerite Yourcenar.

 

Dans l’entrée, deux valises discutent, il y est question de sortir de l’appartement, de partir mais il y a l’impossibilité de bouger, de préférer son monde intérieur, d’intérieur. 

 

Fabienne Retailleau

Artiste - Metteuse en Scène 


© Fabienne Retailleau
© Fabienne Retailleau

Ingénieure  son de TOUT L'UNIVERS : Léa Chevrier.

 

Un grand merci aux Ivryennes et Ivryens qui ont participé aux enregistrements : Anne Beaumond, Ghislaine Escande, Charles Piquion, Cédric Delsaux, Siré Camara et Samia.

Un grand merci aux voix des alentours : Serge Bacheré, Hugo Jeanningros, Virginie Loisel.

 

Dans un petit carnet de notes (fiches de lecture), trouvé dans un appartement de la cité Gagarine, j’ai choisi des extraits de textes d’Alexandre Vialatte, un poète à l'humour décalé. J’ai choisi aussi Marguerite Yourcenar et Primo Levi, probablement, pour ne pas oublier que cela fut. 

 

Les rubriques de la radio sont extraits du tome 1, TOUT L’UNIVERS (édition 1980) et du Petit Prince de Saint-Exupéry, livres également trouvé dans la cité Gagarine.  

 

Les autres fragments choisis (didascalies, monologue et dialogues) sont  :

« Propriété Condamnée » de Tennessee Williams

« La Goutte » d’Ascanio Celestini 

« Mes Valises » de Fabienne Retailleau


Lors de ma première visite à Gagarine, le 4 avril 2019, j’ai été surprise par le nombre d’objets encore présents et tout particulièrement par les rideaux. 

 

J’ai choisi cet appartement pour sa salle de bain avec sa peinture qui mue. De si grands morceaux, si fragiles, s’en décollent. Ces morceaux, a eux seuls, racontent.

 

J’ai aussi découvert la fascination, l’hypnose que pouvaient me procurer les voies ferrées. Je restais à les regarder et je voyageais. Des histoires me traversaient. Je me souviens de cette jeune fille d’environ 13 ans essayant de marcher en équilibre sur la voie ferrée et de ce garçon à ses côtés, un peu plus âgé, avec son cerf volant de papier rouge : 1ère scène de « Propriété Condamnée », pièce de Tennessee Williams (enregistrement).